(A/01) Une aiguille dans une botte de foin feat Jake Anderson & Zoé O. Hartmann

La blonde retroussait ses manches. Elle était pratiquement sûre d'avoir vu un truc. Genre... Non, elle ne savait plus quoi. Mais elle était sûre d'avoir vu quelque chose hier. Et avec toute cette agitation l'espagnole n'avait pas regardé plus que ça. Hier, ça avait été une très très très grosse journée justement.

Qu'est-ce que c'était ? Un briquet ? Un couteau ? Un téléphone ? Son cerveau ne semblait pas vouloir coopérer avec la demoiselle. La seule chose dont elle était à peu près sûre; et encore fallait-il faire confiance à ce cerveau qui ne sélectionnait que certaines informations, comme par exemple où se trouvait le dernier brownie qu'elle avait abandonné dans sa chambre; c'est que c'était gris. Le gris, c'était généralement réservé pour des matériaux non humains. Bah oui, on avait pas encore vu d'oranges grises ou d'humains gris.

«Bon. Ça devait être par là.» se murmura presque pour elle-même en espagnol.

Elle regarda les environs, observant scrupuleusement chaque grain de sable. Ce qu'elle pouvait y admirer ? Des milliers de pas dessinés. D'autres disparus avec la montée de l'eau. L'espagnole avait le choix. Le sable ou traîner un peu les pieds dans l'eau à la recherche de cet objet dont elle ne se souvenait pas.

Beatriz s'asseya à genoux. Ses mains commencèrent à creuser le sol, tentant de dénicher l'objet miracle et espéré qu'elle croyait avoir entrevu entre deux hurlements.

«C'est chercher une aiguille dans une botte de foin!!!» Maugréa-t-elle.

Mais c'était loin de lui faire baisser les bras! Oh que non! Elle se releva et alla dans un autre coin et creusa. La blonde recommença le même manège. De sorte qu'il semblait y avoir bientôt plus de petits trous que de traces de pas.

«Peut-être que finalement c'était plus proche de l'eau ?» se questionna l'hispanique pour elle-même.

Elle enleva ses baskets avec ses chaussettes et y marqua, à l'aide de son index "Beatriz". Simplement pour annoncer que c'était à elle, et non que l'espagnole abandonnait ses effets à leur sort. On ne savait jamais, l'hôtesse de l'air prenait ses précautions. Et puis, la blonde y tenait à ses baskets!

Elle s'approcha de l'eau, nettoyant ses mains pleines de sable, les secoua. Quelque peu gênée par le soleil et ses cheveux, elle entreprit de voiler ses cheveux. Une façon pour elle d'éviter d’attraper un coup de feu, mais aussi de ranger ses cheveux. Le chignon aurait été mieux, mais aucun élastique ne s'était présenté à la trentenaire. Il fallait faire avec les moyens du bord!

De nouveau, elle recommença son petit manège, mais sur le sable mouillée. Petits cailloux, coquillages blancs ou roses étaient ses trouvailles. Elle porta un coquillage à ses yeux, il était rose, parsemé de petits trous. Comme si un mollusque l'avait accueillie avec une jolie mitraillette en guise de bienvenue.

«Et dire que ça, c'était la monnaie d'échange à un moment donné.» s'exclama la rescapée.

D'ailleurs, qu'est-ce qui deviendrait monnaie d'échange ici?Beatriz avait pensé que les secours seraient arrivés hier soir. Au plus tard ce matin. Mais pas une trace de secours à l'horizon. L'espagnole trouvait ça bien étrange. En général, les secours, arrivaient bien plus vite. Cela l'étonnait. Peut-être qu'ils étaient plus loin des côtes qu'elle ne le pensait. Mais dans ce cas, s'ils restaient bien plus longtemps qu'elle ne le pensait, quels pourraient en être les conséquences?
C'est dans cette réflexion que la femme s'arrêta. Tout simplement parce qu'elle se sentait observée. Toujours assise sur ses genoux, elle observa la personne. Cette personne était ou du moins paraissait jeune. Elle l'observa longuement, tenant toujours dans sa main ce coquillage troué, durant un moment qui semblait interminable.

«Je peux vous aider?»demanda-t-elle afin de briser le silence de cette observation muette.

«Hum? Que ?»balbultia la blonde.

Le "je" l'avait surprise. Elle qui ne savait pas vraiment parler en français. Mais la blonde s'était vite rassurée. La présence de l'anglais lui faisait penser que la jeune femme savait parler anglais. Rassurée par cette jeune fille qui semblait parler les deux langues, elle s'adressa à celle-ci.

«Je cherche un truc... Enfin quand je suis arrivée je suis sûre d'avoir aperçu un objet de couleur gris. Comme les cuillères en argent, vous voyez ? En revanche je ne sais plus du tout ce que c'est. Mais mon esprit me convainc que c'était très important, qu'il fallait que je le retrouve! Je suis quasiment sûre que ça pouvait nous aider! Mais dans quel but ? Mystère!» répondit-elle en anglais.

Elle espérait , du plus profond de son être, que l'anglais était sa langue maternelle. Parce qu'à part le "je" en français, elle n'avait pas compris la demande de la jeune femme. A moins que ce ne soit la même qu'elle ait formulé en anglais.
Bon et maintenant la blonde semblait bête. Chercher un objet dont elle ne savait plus ce que c'était, c'était vraiment idiot. Même si le cerveau ne la lâchait pas avec cette idée saugrenue! Et dieu savait que son cerveau la maltraitait lorsqu'il avait une idée bien précise! Comme par exemple, la faire revenir chez elle pour vérifier qu'elle avait bien fermé la porte à clé. Et si, au grand jamais, elle tentait de taire cette petite voix, son estomac ne la laissait pas tranquille. Il se nouait, lui rendant la vie impossible.

La trentenaire paraissait faire pâle figure face à cette rayonnante jeune femme. Elle respirait la jeunesse, l'énergie, l'espoir. Beatriz la voyait comme un petit soleil rayonnant de toute sa lumière.

C'est là où l'espagnole se rendait compte de la stupidité de ses recherches. Oui, elle voulait de l'espoir. Peut-être que cet objet était la clé de toutes leurs solutions. Mais elle ne souhaitait pas décevoir cette jeune femme en la laissant espérer à trop de choses. Peut-être bien que le soleil avait trop tapé ?

«Enfin, je me sens maintenant ridicule, là, à fouiller partout. Mais peut-être que j'arriverais à trouver d'autres objets, rejetés par l'océan. Enfin je préférerais trouver ce truc mais...» s'arrêta la blonde, se sentant honteuse.

C'est alors qu'un jeune homme; semblant avoir approximativement le même âge que la métisse; approchant des deux jeunes femmes. Il leur adressa une parole. Très simple. Probablement une salutation générale pour tenter d'entrer en contact, faire connaissance. Ou bien de la timidité ? Beatriz, loin d'être asociale, tentait de le mettre en confiance

«Ah bonjour, vous aussi vous souhaitez participer à une chasse au trésor ?»proposa la blonde d'un petit rire gêné.

Jake avait vaguement lu ce qu'il s'était passé, sur les lèvres de la blonde, mais en vrai, il n'était pas sûr d'avoir tout compris. Il avait perçu le mot cuillère, mais s'était dit qu'il était bien trop éloigné pour parvenir à faire une lecture correcte, parce que ce mot, au milieu d'une île déserte, n'avait strictement aucun sens. C'était aussi pour ça qu'il s'était approché. Pour aider, si jamais, il y avait un problème certes, mais aussi parce qu'il voulait comprendre ce qu'il se passait. Mais pour le coup, il n'était pas sûr de savoir s'il pouvait aider, et surtout...Surtout, il avait reconnu une personne. Celle qui ne l'avait pas jeté du bateau en apprenant qu'il n'était pas tout à fait honnête dans sa présence sur celui-ci. 

Il eut un sursaut, quand il vit la demoiselle se jeter sur lui. A vrai dire, il aurait du s'y attendre. Elle l'avait probablement cru mort. Il n'eut pas le temps de lire sur ses lèvres, donc n'entendit pas sa joie, puisqu'il n'entendait rien, et la serra légèrement. Quand même. Il pouvait bien lui faire ça. 

- Hey.... répéta-t-il simplement : I'm here... 

En un sens, Jake était heureux qu'elle fut vivante aussi. Zoé avait été un certain soutien pour lui, alors c'était une bonne chose qu'elle soit là. Il aurait été triste de ne plus jamais la revoir, même s'il s'était déjà fait à cette éventualité. 
Il se retira doucement. Ce n'était pas qu'il détestait tant que ça le contact physique, parce que ses frères et soeurs, eux, aimaient un peu plus ce fait et n'avait jamais eut de cesse de l'enlacer, mais... Mais il avait quand même du mal. Surtout là, quand il ne pouvait pas entendre, et donc, pas lire sur les lèvres. 

Il se tourna encore vers Zoé et expliqua en montrant ses oreilles : 

- Cannnn't hear. 

Il savait qu'elle savait qu'il avait des aides de base. Dans le doute que l'idée lui vienne qu'elles aient pu survivre au choc, il préféra de suite la corriger. Ensuite, il se tourna vers la blonde, et fit en anglais, en prolongeant certains mots, quand il n'était pas sûr de bien les prononcer : 

- Je n'aiii pas réussi à lire correeeectement, mais.... Pourquoi cuillère ?
 
Depuis son arrivée sur l'île, il faisait des phrases courtes. Juste le temps d'adaptation à ne plus rien entendre à nouveau. 

Des retrouvailles plus qu'étonnantes. La blonde semblait un petit peu perdu dans ces retrouvailles plus que joyeuses. Elle semblait plus tenir la chandelle qu'autre chose dans ces joyeusetés entre ces deux inconnus. Elle avait l'impression de voir cette fameuse scène entre Simba et Nala. Peut-être des amoureux qui se retrouvaient ? La blonde souria de cet heureux événement. Rien ne pouvait lui faire plus plaisir que de voir deux personnes se revoir avec un tel drame! Même si, elle se sentait un petit peu de trop. Après tout, elle aussi pensait retrouver son frère. Mais personne n'avait vu celui-ci. Il semblait avoir disparu de la circulation. Etait-il encore sur le bateau? Avait-il échoué plus loin sur l'île ? Ou était-il parmi les morts dans l'eau salée ?
En les regardant, il semblait y avoir un espoir, celui de retrouver son cadet. Toutefois, elle sentait une pointe de jalousie en voyant cet événement.

L'étreinte se finit quelques instants plus tard, jusqu'à ce que le jeune homme désigne ses oreilles. Il indiqua par la même occasion son handicap en quelques mots. Un peu crispée, la trentenaire se mordit les lèvres. L'accident lui avait peut être enlevé son ouïe. Elle s'en sentait désolée. Pour elle, le naufrage avait fait des blessés, moins grave qu'elle ne le pensait, et malheureusement, de nombreux morts. Elle n'avait pas pensé à ces conséquences désastreuses! Avec ses maigres connaissances médicales, elle ne pouvait aider qu'un faible nombre de personnes.

Ces nouvelles paroles interloquèrent la trentenaire. Quoi? Il lisait sur les lèvres ? Si vite? Pour la blonde, c'était soit un jeune homme qui apprenait très vite. Soit un homme sourd depuis un très long moment. Ou bien

«Je... Enfin... Comme je le disais... Je cherche un objet de couleur argenté.» déclara l'hôtesse de l'air

Elle se releva, essuyant ses mains; pleine de sable mouillé; sur ses affaires. Elle releva sa tête et s'adressa de nouveau au jeune homme.

«Je sais que ça a l'air stupide. Mais complètement. Mais cet objet m'obsède. J'ai l'impression qu'il aurait pu nous servir. Mais... Mais je pense... je suis sûre qu'il aurait pu être utile... Dans un cas comme dans un autre.» dit-elle en tentant d'articuler ses mots, tout en restant quelque peu embrouillée.

Après tout, la femme ne savait plus ce qu'elle avait vu. Elle restait tout de même butée sur l'idée de retrouver cet objet qui semblait si important pour elle. Un sifflet, un couteau, un portable peut-être ? Qu'importe, la femme semblait déterminé à retrouver cet objet sans nom.

«Enfin je me disais que ça pourrait nous être utile. Certainement. Dans un cas comme dans un autre. Pour... je ne sais pas... Se débrouiller pendant un temps sur l'île, avec un peu plus de confort. Bon, si j'avais pu apercevoir une bouteille de champagne avec des flûtes ça aurait pu être génial. On aurait pu se faire un petit apéro devant un coucher du soleil cela dit...» s'arrêta-t-elle sur une bonne note.

La blonde ne souhaitait pas installer un climat noir de pessimiste. Le cadre était beau, la situation dans laquelle ils se trouvaient, moins. Si elle pouvait rapporter un peu d'espoir avec la recherche d'un objet, pourquoi pas!

«Enfin, je veux dire... Ce qui serait vraiment nécessaire, ce serait de la crème solaire et une serviette de plage non? Lorsqu'on rentrera nos amis seront verts de notre bronzage parfait de vacances sur une île déserte!» répliqua malicieusement l'espagnole.